Schneider Kreuznach Retina-Xenar compur 50mm f-2.8

 

 

Bref historique
Dans le cercle des fabricants d'appareils photos et d'optiques de renom, du milieu du XXe siècle, Leica et Zeiss détiennent la palme de la longévité.
Fondée en 1846, 100 ans plus tôt, Zeiss est l'une des entreprises qui enregistrent, au plan mondial, la plus grande durée d'activité dans le temps, et ce, en ce qui concerne la production de produits mécaniques.
Par la qualité de ses équipements, l'entreprise Voigtlander s'inscrit également au panthéon de l'optique allemande, avec ses consœurs, les Schneider-Kreuznach fondée en 1913 et Meyer Optik Görlitz, créée en 1896.
Contrairement à Leica et tout comme la MOG, Schneider-Kreuznach a presque exclusivement orienté sa production dans la fabrication des optiques.
Au nombre des appareils photos auxquels ses objectifs ont été adaptés, on peut citer les légendaires entreprises Hasselblad, Rollei, Kodak (appareils photos argentiques et... numériques) et même LG (smartphones). Les verres Schneider-Kreuznach ont ainsi posé leurs montures sur la lune, grâce à Hasselblad. Ils ont par ailleurs également remporté un Oscar pour leurs performances techniques dans le milieu du cinéma.
Peu d'amateurs d'équipements photographiques se souviennent de ces labels, qui, pourtant, depuis plus d'un siècle, marquent toujours, de leur empreinte, de la terre à la lune, tant le monde de la photo, que celui du cinéma.
Les objectifs pour petit format (24x36) créés, assemblés par ces entreprises demeurent relativement méconnus. Parfois, même, ils se révèlent discrets à la revente, exception faite, entre autres, des anciens produits Kodak Retina Compur.
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Le Retina (ou Rétine, en français)...
La firme Kodak était jadis bien connue pour la qualité de ses films argentiques. Elle l'était moins pour sa production d'appareils photographiques, de lentilles d'appareils de projection pour le cinéma ("Kodak Cine Ektar"), ou encore, pour ses focales dédiées à l'aviation ("Kodak Aero Ektar") et enfin, pour ses objectifs d'agrandisseurs et tireuses photographiques industriels ("Kodak Printing Ektar")...
La plupart des efforts entrepris par l’entreprise, depuis les débuts du Brownie et du Pony, jusqu’aux boîtiers numériques de la fin des années 1990, visaient une clientèle aux antipodes du marché cible de Leica et de Zeiss.
La seule tentative de Kodak de concurrencer le marché, au moyen d'un appareil haut de gamme argentique à télémètre, s’est mal terminée. En effet, les Ektra I et II de 1941 et 1948 se sont révélés être des flops commerciaux malgré toute l'énergie déployée par l'usine à vouloir en faire des produits de qualité, tant au plan mécanique, que sous des aspects relevant plus de l’esthétique ou du design ("look")...
Cependant... durant trois décennies, les équipements de la série Kodak Retina produits par Nagel Camerawerks, en Allemagne, se sont révélés être les meilleurs appareils photos 35mm (24x36) distribués par une société américaine. Cela étant dû, en grande partie, aux excellents objectifs Schneider-Kreuznach européens qui équipaient ce type de matériel de prise de vue.
 
Kodak a acheté Nagel Camerawerks, en 1931, et a commencé la production des Retina, en 1934. Cette dernière a toutefois dû être interrompue en raison de la Seconde Guerre mondiale. Le conflit terminé, les équipements Kodak Retina furent encore produits jusqu'en 1969.
 
L'Edixa-Xenar 50 mm f -2.8
Les lentilles Edixa-Xenar sont d'une simplicité déconcertante. L’objectif Retina comporte quatre éléments en trois groupes et est de conception de type Tessar.
La construction de l'objectif à monture M42 ou (Kodak) DKL est assez traditionnelle, avec une ouverture conventionnelle à cinq lamelles (pales) actionnée par un mécanisme non classique à renvoi d'angle, disposé latéralement, sur le flanc circulaire de l'objectif (voir photos).
Sur certains modèles, un obturateur vient se positionner "en sandwich" sur la focale, afin de compléter l'organe optique. Pour ce faire, les objectifs Retina sont généralement munis d'un "shutter" à lames Compur-Syncro monté en deçà de l'élément avant amovible ; du diaphragme équipé de ses lamelles fixées à l'avant de celui-ci, avec ses composants optiques (verres).
La production des Retina date du milieu des années 1950. Et, il faudra attendre la mi-décennie suivante pour qu'une monture Pentacon/Pentax M42 équipe enfin cette optique interchangeable de manière polyvalente.
 
L'ergonomie
L'objectif souffre d'une prise en main malaisée, en raison de la compacité de l'objet et du fait que les bagues de mise au point et du diaphragme se jouxtent à faible distance l'une de l'autre. La sensation générale du corps de l'objectif n'est donc pas d'un aussi bon confort que certains équipements contemporains. Comparativement aux Super Takumar (Pentax), d'une ergonomie supérieure, les Retina se défendent mal. Enfin, l'anneau d'ouverture du diaphragme de l'objectif est couplé à un indicateur DoF mobile (voir photo) très utile, parfois protégé sous un anneau en plastique transparent. Bémol toutefois, concernant cet accessoire peu pratique, pour ce qu'il pouvait se ternir dans le temps, au point d'en devenir opaque et donc inopérant.
 
Qualitativement parlant...
Les zones de mise au point de cet objectif sont incroyablement nettes et les couleurs ont un rendu extrêmement vif.
Les bleus, spécialement, peuvent prendre des allures saturées, au même titre que les jaunes qui peuvent se révéler anormalement percutants.
Le bokeh se révèle singulier à grande ouverture. Plutôt que de créer des océans de bulles floues et du flou, le Schneider produit un effet très nuancé et texturé dans les zones hors de netteté. Le résultat accentue le ressenti de profondeur, à condition d'être correctement maîtrisé. Ce modelé peut toutefois s'avérer lassant, sur un arrière plan saturé d'informations visuelles.
 
En raison de sa relative faible ouverture (f-2,8), l'objectif se révèle moins polyvalent qu'un 50mm f-1.4, à prix similaire, tels des Minolta, Nikon ou Pentax. Malgré cet inconvénient, sa bonne luminosité et sa restitution des couleurs vives pourraient convaincre certains photographes. Par leur look retro et leur gabarit, les Retina Xenar peuvent, à l'image du Carl Zeiss Jena Biotar 58mm, s'avérer de bons compléments optiques sur des équipements réflex et APS-C équipés d'adaptateurs.
Dans un océan d'objectifs de focales 50mm anciens, qui, grâce à leurs qualités, font tous plus ou moins bien la même chose, les deux Schneider (f-2.8 et f-1.9) se démarquent des concurrents pour ce qu'ils évitent de tomber dans de nombreux pièges. Ainsi, ils ne vignettent pas. Ils s'avèrent nets d'un coin à l'autre du champ. Ils résistent étrangement bien au "flare", tout en procurant un "look" (retro?) incomparable aux photos.
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In fine, et à propos du Kodak Instamatic Reflex 126
Notons pour clore le sujet, que cet appareil est un reflex fabriqué en Allemagne, cette fois, par Kodak AG, de 1968 à 1974. Qu'il est l'un des derniers appareils photos à être sortis sous le label Retina.
Enfin, cet instrument fut le plus sophistiqué des reflex à utiliser de la pellicule de type 126 Instamatic, à chargeur (cartouche) en plastique équipé d'un film 135 mono-cranté de 28mm (au lieu de 24mm) aux négatifs caractéristiques par leur format carré.
Données techniques...
Optique composée de 4 éléments en 3 groupes
Poids, 110 grammes
Longueur, 28mm
Focus minimum, 90 centimètres
Diaphragme à 5 lamelles
Ouverture, de f-16 à f-2.8
Produit de 1958 à 1969
Prix : 25-30€ et plus, selon l'état de conservation...
Adaptateur DKL-Ai : 10-15€
Adaptateur DKL-FX : 11-15€
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Liens utiles...
Séquence Youtube relative au démontage (UK) : ici
Descriptif "AllPhotoLenses" (UK) : ici
Article ayant servi de trame à notre analyse (UK) : ici

A l'image, l'objectif monté avec un adaptateur DKL-Ai (Nikon) ; le tout est accouplé à un adaptateur Ai-FX

L'adaptateur Kodak DKL-Ai (Nikon) - Détails relatifs à l'optique - Documents publicitaires des années 1940-50, avec diverses références techniques - Kodak Ektra II / prototype de 1948

Sujet à 300 mètres de l'objectif ; détail/s à 100%